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Les portraits de Miss Acacia : Ghappix, l’art d’apprendre à s’aimer

Couv Ghappix

Ghappix, une jeune artiste qui veut utiliser sa détermination à être elle-même et des messages d’amour pour changer sa vie, et peut-être, un peu, celle des autres ! Partons à sa rencontre.

D’où vient le pseudo Ghappix ?

Elle a imaginé son pseudo pour participer au jeu « Game of war ». Elle a commencé à y jouer non parce qu’elle aime la guerre (bien au contraire) mais parce qu’elle voulait apprendre à dire non, à se confronter aux autres. Elle a donc réfléchi à ce qu’il pourrait être pour la représenter.

G = la première lettre de ses prénoms
Happy = elle voulait être heureuse
Ix : donner une consonance française à son pseudo
Et ça a donné Ghappix

Lorsqu’elle jouait elle ne voulait pas payer pour acheter des armes et des soldats. Elle faisait donc partie d’un petit groupe pas très puissant. Elle était donc « attaquée » en permanence par des groupes beaucoup plus puissants. Elle a alors eu l’idée de se servir de sa ténacité pour gagner ! Pendant une journée elle a attaqué un joueur « puissant » en lui envoyant à chaque fois un seul soldat.

Dans ce jeu, à chaque fois qu’on est attaqué l’écran devient tout rouge. L’écran de ce joueur accro au jeu a donc été rouge toute la journée. Il a fini par en avoir marre et lui envoyer un message disant : « Ok arrête maintenant ». Elle a répondu d’accord mais à la condition que tu n’attaques plus mon équipe. En parallèle elle a eu l’idée d’écrire le mot LOVE dans les camps des gros adversaires. Cette idée a vite eu du succès et d’autres joueurs ont repris son idée. Grâce à sa détermination et à ses mots d’amour, cette grosse équipe lui a proposé un pacte pour assurer sa protection !

Je vous explique tout ça car elle a utilisé ce qu’elle avait appris en jouant, dans la vie réelle. Cela lui a permis de faire un travail sur elle-même pour apprendre à se dire qu’elle vaut quelque chose et que si elle est déterminée elle peut y arriver.

Ce n’est pas parce que je suis petite que je ne peux rien faire, que je ne suis rien.

Aujourd’hui dans sa vie de femme et d’artiste, elle veut utiliser sa détermination à être elle-même et des messages d’amour pour changer sa vie, et peut-être, un peu, celle des autres !

Pourquoi « Aime-toi » ?

Ghappix vient de l’ouest de la France, de la région de Caen et de Saint-Nazaire. Elle a travaillé dans le monde de l’automobile et des chantiers navals en tant qu’informaticienne. Un cumul de secteurs d’activité où le machisme est prépondérant. Elle a ressenti là-bas un fort dénigrement des femmes. Elle s’est même vu proposer à plusieurs reprises une « promotion canapé ».

En parallèle, elle avait une vie de couple où son mari était le centre de sa vie. Elle a tout donné pour lui. Trop car elle a fini par s’oublier et perdre totalement confiance en elle face à un homme qui ne voyait plus la femme en elle.

Lorsqu’elle a divorcé elle a vécu un temps à Caen où là encore elle a été confrontée au machisme. C’est pourquoi quand elle est arrivée à Lyon pour commencer une nouvelle vie elle était bien décidée à ne plus jamais accepter tout ça. Pendant plus de 30 ans elle a fait ce qu’on attendait d’elle. Elle s’efforçait d’être ce que les autres attendaient d’elle pour qu’ils l’aiment. Mais elle a compris qu’on ne peut pas compter sur l’amour des autres. Et surtout que cet amour peut aussi être négatif en nous empêchant d’être ce que nous voulons être. Elle a donc appris à s’aimer telle qu’elle est.

Ghappix aura mis 4 ans à sortir de cette période difficile et à reprendre confiance en elle en tant que femme. Elle a appris à s’écouter et à être la femme qu’ELLE a envie d’être. Lorsqu’elle était adolescente elle voulait devenir artiste. Mais elle a écouté la voix de la raison (et de ses parents) en faisant des études dans l’informatique. Aujourd’hui elle a envie de revenir à ce premier désir.

Elle a donc pris des cours avec une prof des Beaux-Arts de Caen pendant un an. A Lyon elle a fréquenté pendant 9 mois la Taverne Gutenberg, un lieu d’échanges artistiques.

Elle a décidé de se servir de ses souffrances en tant que femme pour délivrer un message à l’humanité, et en particulier aux femmes : « Aime-toi ! ». Depuis elle reçoit régulièrement des retours très positifs de gens qui lui disent que ses messages leurs font beaucoup de bien. Ces messages l’encouragent à continuer…

Pourquoi le street art ?

Lorsqu’elle était enfant, Ghappix allait en vacances chez ses grands-parents dans la région parisienne. C’est à qu’elle a découvert le graffiti, sur les murs et les trains. Alors quand à Lyon, elle a reçu des propositions “malhonnêtes” pour exposer en galerie, elle a décidé de réaliser un rêve d’enfant : être artiste dans la rue.

Sans connaissance et maîtrise de la bombe, elle est allé, seule un dimanche matin pour faire ses premiers graffitis à la Croix-Rousse. Puis, grâce au hasard d’une rencontre, elle a pu faire sa première session de graffiti. Un graffeur, Grind, l’a emmenée avec lui dans un immense lieu désaffecté et investi par les graffeurs. Cela faisait seulement quelques fois qu’elle utilisait la bombe de peinture. Sa technique n’était donc pas hyper assurée mais ce graffeur, qui est devenu son ami depuis l’a rassurée et aidée. C’est à cette occasion qu’elle a, pour la première fois, réalisé sa petite princesse aux cheveux roses. Aujourd’hui elle « l’utilise » quelques fois pour dire ses mots d’amour.

Quand l’union fait la force : des gribouilleurs au Collectif C où k’on Graff ?

Ghappix a commencé le graffiti il y a maintenant un an. Au départ elle se déplaçait seule et suivait sur Instagram les comptes d’artistes ou d’amateurs de street art lyonnais. C’est son amie Elod30 (devenue son amie depuis), une photographe amatrice de street art, qui a eu l’idée de sortir du virtuel et d’organiser un rendez-vous dans « la vraie vie » avec ceux qui allaient devenir « les Gribouilleurs ».

Les #Gribouilleurs d’Instagram : (vous pouvez lire son portrait juste ici : Adelsa Bugey, le street art en catharsis) – C_mado –  Ghappix – Sceriffogeek – To_glass

Depuis cette première rencontre, ils se retrouvent régulièrement pour passer de bons moments ensemble : ils boivent un verre (ou deux…) tout en discutant puis ils partent se balader dans les rues. Ils posent leurs collages tout en se promenant. Tout se fait à l’instinct et dans l’instant.

Ils sont tous différents mais ont un point commun : le street art. Sans cela ils ne se seraient surement jamais rencontrés. Aujourd’hui ils sont devenus plus que des compagnons pour aller faire des « bêtises » mais de véritables amis qui veillent les uns sur les autres avec respect et bienveillance. Ils se soutiennent et s’encouragent.

Il y a seulement quelques semaines, au cours d’une discussion sur l’art urbain à Lyon, ils ont eu l’idée de créer un collectif. A l’origine, il y a Ghappix et 4 amis chasseurs de street art (Graphull, Duke9784, Dedelelacurieuse et Papa Solo).C où k'on Graff ?

L’idée du collectif C où k’on Graff ? est d’avoir plus de murs autorisés sur Lyon et de promouvoir le street art et la ville de Lyon à travers des parcours de visites street art ; aller dans les écoles pour faire découvrir la technique et bien d’autres idées encore.

Depuis, plus d’une quinzaine d’artistes ont rejoint le collectif.

97S One – Akène – Alex Berreta – Capie – El tomino – Ghappix  – Grind  – Hetaone  – Khewzi – Strydom – Hinikom – Krea – Le Môme – Looper – Merl1 – Poes – Quetzilla – Vaurien

Pour suivre la vie du collectif, retrouvez les sur Facebook ou sur Instagram. Et bien sûr, je vous donne rendez-vous ici pour suivre leurs aventures que je me ferai un plaisir de venir vous raconter !

Les choses se bousculent. Quelques semaines seulement après cette soirée qui a vu naître le collectif, le collectif  a organisé son premier événement à l’occasion de La Cerisaie en sport au Parc de la Cerisaie dans le 4e à Lyon, samedi 23 juin 2018.

La Mairie du 4e a proposé au collectif de graffer un container qui sera installé dans le parc de la Cerisaie à l’occasion de la Fête du sport. Les thèmes d’inspiration sont larges : le sport pour tous, le bien être, la promotion particulière du foot féminin, en écho au mondial de foot, un comportement éco-responsable… Des initiations pour les enfants étaient également prévues !

Ghappix en images

Voici un aperçu des oeuvres réalisées par l’artiste. Pour la suivre n’hésitez pas à vous abonner à son compte Intagram ou à sa page Facebook.

Ghappix

Une conclusion musicale ?

C’est une première dans les portraits mais je tiens vraiment à écrire ici les mots de Ghappix lorsque je lui ai demandé de me donner le titre d’une chanson pour illustrer son portrait. En lisant son mail, j’ai eu l’impression de m’entendre car, apparemment, nous avons un peu le même rapport à la musique.

Une chanson…. Ha la musique est tellement importante pour moi. Les musiques que j’écoute sont le reflet de mon état d’âme.
J’ai l’impression que toutes les cellules de mon corps vibrent avec la musique… ?!
Je choisis avec soin les musiques que j’écoute. Je peux parfois écouter la même musique pendant des heures et des heures en boucle, en mode un peu autiste, comme je dis.

Elle nous invite donc à découvrir Dooz Kawa, « La couleur des émotions ».

Elle reflète bien ce que je pense de la vie, ce que j’ai envie de donner aux gens. J’aime beaucoup sa poésie, ses comparaisons et ses métaphores.

Alors ouvrez grand vos oreilles…

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Ancienne parisienne devenue lyonnaise… pas très bavarde voire même un peu « sauvage » et surtout passionnée de street art. Flâneuse urbaine, j’aime partager mes plus belles découvertes avec vous !

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  7. Merci pour ce très bel article.
    Ton style est doux et te ressemble beaucoup.

    Ce fût un réel plaisir de partager ce moment en ta charmante compagnie.

    Amicalement,

    Ghappix

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