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Anarchically yours, l’expo coup de poing de Goin chez Spacejunk Lyon

Couv Goin Spacejunk

Du 13 avril au 2 juin 2018, Spacejunk Lyon accueille le street artiste Goin pour une expo percutante qui nous parle d’amour et de liberté  : Anarchically yours.

Pour découvrir cette nouvelle exposition proposée par Spacejunk, j’ai participé samedi à une visite commentée. Cela m’a permis de mieux connaître l’artiste et d’avoir un regard plus… averti sur ses oeuvres.

Pour “Anarchically yours”, l’artiste n’est pas venu les mains vides et annonce (de) la couleur ! Il nous dévoile ses dernières toiles, une installation et des détournements d’objets qui traduisent sa passion pour l’amour et la liberté. Une exposition engagée comme on les aime !

Goin, un artiste engagé

Ni dieu ni maître, ni religion, ni capitalisme ! Goin s’inscrit pleinement dans la pensée philosophique Anarchiste, avec tout ce qu’elle porte comme Humanisme. Depuis près de vingt ans, l’artiste a développé un vocabulaire plastique percutant, qui n’est pas sans rappeler l’œuvre du célèbre Banksy ou celle de Blek le rat.

Prônant la Vérité et l’Amour, Goin s’affiche généreusement dans la rue avec une certaine dose d’ironie et d’insolence, comme un contrepoint face à l’actualité brulante. L’environnement, la dignité humaine, les acquis sociaux… autant de domaines qui trouvent chez l’artiste des raisons d’être révolté. Pochoiriste acclamé, anonyme par nécessité (il n’apparaît jamais en public), Goin répond in-situ et coup pour coup, à ceux qui marchandent avec notre humanité.

On connaît peu de choses sur lui. Seulement que c’est un street artiste français d’une quarantaine d’années. Il ne vit pas de ses oeuvres et fait un boulot de graphiste en parallèle de son expression artistique. Il a réalisé sa première oeuvre en 1996 mais ne l’a déposée dans la rue qu’en 1999, époque à laquelle est apparu une nouvelle conscience artistique : l’artivisme.

Goin, pochoiriste et artiviste

En quelques mots, l’artivisme est un courant artistique engagé et engageant qui vise à faire prendre conscience de problèmes politiques à travers la création artistique. Il cherche à mobiliser le spectateur, à le sortir de son inertie supposée, à lui faire prendre position. Les acteurs de cette mouvance sont des interventionnistes. Ils se réclament parfois de divers mouvements, comme le dadaïsme, le punk ou des mouvements situationnistes. Par le biais d’un art de la provocation, les artivistes « réactivent l’humour, la parodie et l’imagination contre les armes de subversion ».

Son art étant très engagé, ses réalisations restent en général très peu de temps dans la rue. Parfois seulement quelques heures. C’est pourquoi il a choisi le pochoir comme techniques artistique. Il permet de reproduire une œuvre plusieurs fois et de la diffuser plus rapidement. Comme je le disais plus haut, Goin est graphiste et travaille dans la communication. Donc il connaît donc parfaitement tout ce qu’une image peut « dire » et l’importance de sa diffusion.  Il utilise également les réseaux sociaux pour partager ses oeuvres (qu’il photographie pour en garder la trace) car il connaît leur pouvoir de viralité.

Pour créer ses oeuvres, il utilise plusieurs pochoirs. : un par couleur. Cela permet d’avoir un travail plus détaillé. Cette technique demande énormément de travail et de patience : le travail de préparation, en particulier le découpage, demande beaucoup de précision et de temps.

Anarchically yours, une expo qui bouscule

Cette exposition est une parfaite illustration de l’artivisme dans l’art urbain. Goin reprend ici le thème de l’anarchie dans son sens premier : « état d’un milieu social sans gouvernement, situation d’une société où il n’existe pas de chef, pas d’autorité unique, autrement dit où chaque sujet ne peut prétendre à un pouvoir sur l’autre. Il peut exister une organisation, un pouvoir politique ou même plusieurs, mais pas de domination unique ayant un caractère coercitif ».

L’anarchisme n’est pas le désordre mais l’absence d’autorité, un Etat sans tête pensante au dessus de nous pour nous décider à notre place.

Goin met le doigt sur des choses de notre société qui peuvent déranger. Il nous montre ce que nous ne voyons parfois plus ou que la société nous montre sous un angle qui déforme notre compréhension d’une situation.

Dans l’oeuvre « L’Etat matraquant la Liberté », l’artiste ne s’attaque pas à la police mais à l’Etat. Il a jouté « 49.3 » dans l’un des boucliers pour que le spectateur comprenne mieux son message (cette oeuvre avait fait l’objet d’une polémique lors du Grenoble Street Art Fest en 2016). Il faut se rappeler qu’il a réalisé cette oeuvre au moment où le gouvernement faisait passer la Loi Travail grâce au 49.3. Il utilise des symboles très forts non pour critiquer le personnage illustré mais ce qu’il représente.

L’installation au centre de la galerie a été réalisée spécialement pour cette expo. L’artiste a été filmé pendant qu’il la réalisait pour qu’on le voit travailler mais également pour garder une trace de son passage et sa création. Elle montre un salon bourgeois (symbole fort de l’autorité et des règles d’une société castratrice) détruit par une révolution artistique. Petit détail qui a toute son importance : dans un vase trônent des pivoines, fleurs symbolisant la renaissance… Message d’espoir disant qu’un monde nouveau est possible.

Goin assume parfaitement l’influence d’Andy Warrhol sur son travail. Comme, par exemple, dans sa série « Bullshit Darling ». Il admire l’art Dada et le ready made. Il ne fait pas lui même les sculptures mais les commande ou utilise des objets de récupération qu’il détourne.

L’artiste prend également position sur les réfugiés. On peut admirer plusieurs œuvres sur ce thème. Il nous montre comment la France accueille des personnes célèbres mais pas les réfugiés qui arrivent par bateaux. Ou encore, une frontière où on laisse passer les camions qui transportent de l’argent mais pas les hommes.

Dans cette exposition, Goin a voulu montrer également des choses positives suite à son voyage en Colombie. Il y était au moment où les FARC ont déposé les armes, signant désarmement de la principale guérilla du pays, en conflit depuis plus d’un demi-siècle. Il veut être optimiste et penser que l’avenir peut être meilleur.

Anarchically yours en images

Voici un petit aperçu de l’expo. Vous pouvez regarder mon album ANARCHICALLY YOURS par GOIN pour admirer encore plus d’oeuvres. Et surtout, si vous vivez (ou passez) à Lyon il faut absolument aller voir l’expo. Pour ma part, c’est un énorme coup de coeur !

Pour celles et ceux qui auraient envie de faire cette visite commentée, coup de chance ! Spacejunk organise une nouvelle visite le 19 mai.

Spacejunk
16 rue des Capucins
69001 Lyon 1er
Du 13 avril 2018 au 2 juin 2018
Ouvert de 14 à 19h (18h30 le samedi)

Pour ma conclusion musicale j’ai eu envie de partager encore une fois une chanson de Gaël Faye. Parce que j’ai vraiment un coup de coeur particulier et énorme pour ce jeune homme et surtout parce que ses mots me touchent.

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Ancienne parisienne devenue lyonnaise… pas très bavarde voire même un peu « sauvage » et surtout passionnée de street art. Flâneuse urbaine, j’aime partager mes plus belles découvertes avec vous !

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  1. Pingback: Peinture fraîche, le grand rendez-vous lyonnais du street art | Les billets de Miss Acacia

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