Pour la 2ème année consécutive, du 28 octobre au 2 novembre 2014, le Salon international de photographie « La Quatrième Image » s’installe à l’Espace des Blancs-Manteaux situé en plein coeur du Marais.
La Quatrième Image 2014
Je cherchais les mots pour vous présenter ce salon… mais encore une fois il y a des gens qui le disent si bien qu’il serait prétentieux de vouloir faire mieux. Alors pour commencer, voici la présentation que vous pouvez lire sur le site « La Quatrième Image« .
Celui qui arrive après le troisième occupe une place ambiguë. Il se distingue des autres mais le podium lui reste interdit. Condamné à un arrière-plan où rien ne le différencie de la masse, le quatrième, pourtant au dessus des autres concurrents, est comme masqué par un contre-jour implacable. L’or, l’argent, et le bronze, à la manière des projecteurs d’un spectacle, forment un faisceau lumineux, seul espace visible aux yeux du public, qui plonge le reste de la scène dans l’obscurité. C’est l’effet écran.
Nous avons décidé de percer ce voile opaque en nous intéressant à cette photo restée en dehors de la lumière, mais qui pourtant se distingue des autres. La Quatrième Image donne l’occasion de braquer ces projecteurs dans une autre direction et d’illuminer le reste de la scène.
Les « quatrièmes images » que nous présentons, ont droit aussi à leur podium. Au côté des habituels médaillés, La Quatrième Image propose de faire la part belle à ces talents cachés, généralement méconnus du grand public.Le documentaire, tout au long du XXe siècle, a donné ses lettres de noblesse à la photographie. L’Inde de Cartier-Bresson, les portraits d’anonymes que Nadar choisissait au hasard des rues, les travailleurs, artisans, ouvriers, figures de la vie quotidienne que Sander immortalisait, la Guerre d’Espagne de Capa, ou encore les marginaux de Diane Arbus ont fait du photographe un artiste résolument humaniste. Plaçant l’Humain au centre de son œuvre, le documentaire, parfois critique, souvent engagé, était un mode privilégié et reconnu dans le monde de la photographie. Ce sont ces « quatrièmes », dignes héritiers de la photographie du XXe siècle, que nous choisissons aujourd’hui de vous montrer.
Vous retrouverez à l’Espace des Blancs-Manteaux certains de ces photographes, restés parfois dans l’ombre, qui donnent à voir leurs « quatrièmes images » empreintes d’un humanisme actuel. Artistes de terrain, photographes engagés, ils nous dévoilent leur vison du contemporain. Leur contemporain est un quotidien souvent difficile, une joie passagère, un ciel plein de rêve. La Quatrième image offre une tribune à ces photographes, ce salon se veut le coup de projecteur qui les révèle au public. Ils sont les Quatrièmes. Et leur humanisme les distingue des autres. Entre invités prestigieux et révélations artistiques, notre évènement a pour volonté de rassembler, d’élargir le spectre de la scène photographique et de faire se rencontrer des sensibilités du monde entier.
Un salon pour faire de belles rencontres
Cette année encore ce salon est pour moi l’occasion de découvrir des artistes et de discuter avec certains. Une fois encore j’ai fait de belles rencontres (émotionnelles seulement parfois, relationnelles quelques fois comme avec Lia, la jeune femme qui représente la photographe Sheila Oliveira). Mais je vais trop vite… Je vais vous parler de mes coups de coeur de cette nouvelle édition dans l’ordre de mes découvertes.
Avant tout, je veux d’abord préciser (encore une fois) que je ne suis pas « critique ». Ce que je dis ici est très personnel. Je ne vais pas parler de tous les photographes exposés au salon mais seulement de ceux qui m’ont « attirée ». Toutes mes excuses à ceux que je ne citerai pas. L’Art est toujours une affaire de goût et fait donc appel à quelque chose de très subjectif.
Hommage à Camille Lepage
Cette année La Quatrième Image a également voulu rendre hommage à Camille Lepage et à sa passion pour « les causes oubliées, pour les gens qui souffrent en silence et auxquels personne ne prête attention ou dont personne ne voulait parler ». A l’entrée de l’Espace des Blancs-Manteaux quelques photos de la photographes sont exposées. Superbes et bouleversantes.
Les portraits de Vincent Lecomte
Les premières images qui m’ont attirée à mon arrivée sont celles de Vincent Lecomte. Il nous offre une série de magnifique portraits dans lesquels il joue envase l’ombre, la lumière, le clair-obscur. Magnifique.
J’ai eu plaisir à croiser quelques (4 seulement) photos de Catherine Lupis-Thomas. Cette artiste je l’ai découverte lors de l’édition 2013. Nous sommes entrées en contact, elle a fait une expo, je l’ai rencontrée et tout est dit ici « European Urban Sensation, « l’autre » regard de Catherine Lupis Thomas » Ce sont les photos de cette expo qui sont présentées cette année à au salon.
Gros coup de coeur pour Lucas Lenci
Le suivant fut un gros coup de coeur. Il s’agit de Lucas Lenci et vient tout droit du Brésil. Dans ses photos, il nous parle de silence, de vide, de solitude mais ça ne fait pas peur. C’est tout et feutré. C’est simplement beau et cette simplicité laisse à l’observateur la possibilité de mettre toute son imagination et ses propres émotions dans ces images.
Voici quelques mots de l’artiste pour parler de son travail : « Si vous ne comprenez pas mon silence de rien ne serviront les mots, puisque c’est dans le silence de mes mots que sont tout mes plus grands sentiments ». Dans ces mots d’Oscar Wilde, j’ai identifié le sentiment qui réveille en moi l’envie de photographier : l’instant précis que je cherche dans l’air entre la scène que je vois dans le carré de ma caméra et le résultat que je veux conquérir ». Ces mots parlent d’eux-même du travail de Lucas Lenci…
Mais aussi pour les couleurs incroyables d’Arié Bothol
Maintenant parlons d’un autre gros coup de coeur. Pour Arié Botbol. Là ce sont tout d’abord les couleurs qui m’ont attirée. les superbes bleus qu’on ne trouve que dans les pays du Magreb. Alors je me suis approchée pour regarder de plus près. Je ne m’étais pas trompée. Ces photos ont bien été prise au Maroc. Mais il ne faut pas s’arrêter aux couleurs. Il faut ensuite voir la photo dans son ensemble, puis « faire un zoom » pour en voir les détails. Et quand on a la chance de rencontrer l’artiste c’est encore mieux. Parce qu’il vous parle de son travail, il vous montre ce que vous n’auriez peut-être pas vu… Il m’a donc appris qu’il faisait ses photos comme des tableaux. Et c’est vrai qu’o bien y regarder on dirait presque des peintures… mais avec de la vie dedans.
J’ai aimé « regarder vraiment » une de ses photos. Il m’a expliqué le mur, son histoire que l’on peut lire à travers les différentes « couches » de peinture, les quelques carreaux de mosaïques et ce tissu abandonné sur le rebord de la fenêtre. Cette image vous pouvez la découvrir en allant au salon La Quatrième Image (et peut-être aurez-vous aussi la chance de rencontrer Arié Botbol) ou alors sur son site dans la série « Dans la vallée des roses ».
Yvon Buchmann et Johann Soussi
Ma « rencontre » suivante se fit avec les photos de Yvon Buchmann. J’ai aimé ses photos en noir et blanc emplies d’humanité. Il y a des courbes, des droites, des hommes et des animaux. Il « voit la vie en gris » mais ça n’est pas triste pour autant. Juste un peu mélancolique peut-être… Allez vite découvrir son travail sur son site…
J’avais déjà eu un coup de coeur pour Johann Soussi l’année dernière. J’avais découvert alors son travail avec les chevaux de la Garde Républicaine mais également quelques images de sa série en noir et blanc « Farbrenguen » qui m’avaient beaucoup marquée. J’ai donc eu grand plaisir à découvrir ses nouvelles photos. Les photographies de cette série intitulée « Les fusillés » ont été prises sur le tournage du film « Les Fusillés » réalisé par Philippe Triboit et produit par Mascaret Films (La Journée de la Jupe) dans le cadre du Centenaire de la Première Guerre mondiale.
Mon plaisir a été encore plus grand puisque j’ai rencontré l’artiste et que nous avons pu échanger quelques mots. Il m’a donc appris que « Les fusillés » allaient avoir plusieurs « vies ». Ici donc au salon La Quatrième Image. Mais également dans une exposition qui se tient dans un ancien atelier de réparation de fusils du XXème siècle aux Lilas, du 4 novembre au 2 décembre (vernissage le 11 novembre, Atelier du Fusil, 16 rue Rouget de l’Isle – Les Lilas – Mo Mairie des Lilas). Vous pouvez également découvrir 16 panneaux photographiques grand format installés en plein air au jardin Anne Frank (près du Mo Rambuteau). Je reviens ici très vite pour vous en parler car, sur les conseils de Johann Soussi je suis allée y faire un tour hier…
La poésie d’Erika Lafrennie
Après tout ce noir et blanc, je veux vous parler d’une jeune artiste aux réalisations originales et tendres. Erika Lafrennie. Sur des portraits en noir et blancs (contemporains mais également de femmes du siècle dernier) elle ajoute des « masques » fleuris et de jolis messages. Elle a appelé cette série « Mask of inspiration ». Ce qui ne gâche rien, Erika est charmante et malgré nos manques respectifs (elle en français et moi en anglais) nous avons pu échanger quelques mots (et gestes…). Je vous invite à découvrir son travail.
Les « Douleurs de l’âme » de Sheila Oliveira
Ma dernière rencontre a été avec les photos de Sheila Oliveira mais aussi (et surtout) avec la jeune femme qui la représentait, Lia. Nous avons bavardé un long moment. Sur le travail de l’artiste, puis sur l’Art en général, sur le pourquoi j’écris dans ce blog, sur les émotions… De fil en aiguille nous en sommes arrivées à parler stressant (forcément) et de son frère quoi est justement streetartiste. Finalement le monde est vraiment tout petit puisque par la photo je reviens au streetart. J’ai donc découvert un nouvel artiste. Il s’appelle Jaké et j’aime beaucoup ce qu’il fait. Avis aux Lyonnais, à priori en ce moment il expose à Lyon.
Mais revenons à la photo et au travail de Sheila Oliveira. La série qu’elle présente ici s’appelle « Douleurs de l’âme ». L’artiste s’est prise elle-même comme modèle pour ses photos. A partir d’une image d’elle, elle travaille la couleur (qui trouve autour du sépia) mais aussi l’image en y ajoutant des courbes, comme si elle avait fait du light-painting. Cela donne une impression de mouvement alors que le corps est complètement figé. Alors, même si l’on ressent la tristesse ou la mélancolie de l’âme, il y a beaucoup de douceur qui nous fait ressentir ses photos sans angoisse. Sur son site vous pourrez découvrir d’autres séries, toutes aussi belles et empreintes de douceur. Personnellement j’aime vraiment beaucoup.
Parmi les artistes présents j’ai également aimé les oeuvres de Colin Dutton (il expose ici une série sur des lieux abandonnés), Iata Cannabrava, Mahesh Shantaram (les couleurs kitch de l’Inde) ou encore Steve Wells (on peut voir ici la série « Dans le noir » avec ses superbes portraits aux visages peints en noir avec un simple détail en couleur).
Après tous ces mots et ces quelques photos, voici un peu de musique. Je vous laisse avec Christine & The Queens parce qu’elle m’a accompagnée tout l’après-midi et qu’elle reste donc liée à cette expo. Et parce que j’aime beaucoup cette artiste.
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