Coups de coeur
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« Dans la cour », une comédie loufoque et dramatique

Avec ce temps automnal qui s’est abattu sur Paris, je me suis encore une fois réfugiée dans une salle obscure. Pas grand chose d’autre à faire quand le ciel a décidé de rester gris et que la pluie dégringole. L’occasion d’aller voir un film dont la bande-annonce laissait penser que j’allais passer un bon moment.

Et en effet « Dans la cour » est un film qui fait sourire. Et même rire. Mais pas que…

Antoine est musicien. A quarante ans, il décide brusquement de mettre fin à sa carrière. Après quelques jours d’errance, il se fait embaucher comme gardien d’immeuble. Jeune retraitée, Mathilde découvre une inquiétante fissure sur le mur de son salon. Peu à peu, son angoisse grandit pour se transformer en panique : et si l’immeuble s’effondrait… Tout doucement, Antoine se prend d’amitié pour cette femme qu’il craint de voir sombrer vers la folie. Entre dérapages et inquiétudes, tous deux forment un tandem maladroit, drolatique et solidaire qui les aidera, peut-être, à traverser cette mauvaise passe.

Mathilde, interprétée par une Catherine Deneuve époustouflante, est une retraitée alerte et très active qui fait du bénévolat dans le social. Et Antoine, réjouissant Gustave Kervern, un ancien rocker reconverti en gardien d’immeuble. Parce qu’au fond il ne sait pas trop ce qu’il a envie de faire mais il faut bien qu’il travaille. En fait ce boulot de gardien d’immeuble lui va plutôt bien car la seule chose qu’il veut c’est être tranquille. Seulement voilà, cet immeuble bourgeois a seulement l’apparence de la tranquillité. En réalité vivent là tout un tas de personnages plus fêlés les uns que les autres. 

Il y a Stéphane (Pio Marmaï) dont l’activité consiste à voler des vélos ( même des Vélibs ou des vélos du Monoprix…) pour les revendre. En attendant il les stocke dans la cour, au grand désespoir de M. Maillard (Nicolas Bouchaud) un homme maniaque qui voudrait que tout soit parfait. Excellent personnage dans ce film. Très drôle. Il faut voir la scène où il imite un chien en pleine nuit parce qu’il est persuadé d’entendre aboyer un chien dans la cour… Ce qui n’est pas faux. Il s’agit en fait de celui de Lev (Oleg Kupchik), agent de sécurité venu de l’Est et SDF, membre d’une secte « lumineuse », qui fait comprendre à Antoine qu’il a eu un passé violent et plus que douteux.

Tous ces personnages gravitent autour d’Antoine et Mathilde. Mais c’est bien eux qui sont au centre du film. Ils vont se rencontrer alors qu’ils sont tous les deux à un moment de leur vie où l’incertitude face à l’avenir pointe son nez. A partir d’une simple fissure sur le mur de son salon, Mathilde sent naitre en elle une angoisse de plus en plus incontrôlable. Mais cette fissure n’est-elle pas la simple représentation visuelle de ce qui se passe en elle ? Car c’est un véritable « glissement de terrain » qui est entrain de tout faire vaciller son esprit. A cause de sa gentillesse maladive (ou peut-être son incapacité à lutter. Il dit oui à tout pour ne pas avoir à résister parce que ça demande une énergie qu’il n’a pas) Antoine va commencer à écouter Mathilde. Puis il va l’aider à rameuter tout le quartier autour de cette histoire de fissure et d’immeuble qui risque de s’effondrer. A partir de là va naître une véritable amitié. Car Antoine est le seul à comprendre Mathilde. Et Mathilde est la seule à accepter Antoine avec toutes ses bizarreries.

Pendant les 2/3 du film on rit beaucoup. Les fêlures de tous ces personnages mènent à des situations loufoques et Pierre Savadori sait les amener avec tellement d’humour et de sensibilité. Mais il y a un moment où le film bascule. Finalement tout ça n’est pas si drôle. Leur détresse devient de plus en plus palpable. On s’attache à eux et on a envie de leur venir en aide…

Je n’en dirai pas plus pour ne pas révéler la fin… Mais allez voir ce film. Catherine Deneuve y est vraiment surprenante (et franchement je ne suis pas fan en général.). IL me semble qu’en vieillissant elle a des rôles qui la sortent de ceux (sans surprise) de belles femmes classes. Ici elle n’hésite pas à apparaître mal coiffée, pas maquillée et je trouve qu’elle a énormément d’auto-dérision. Et puis il y a Gustave Kervern. Je le découvre ici. Si vous aimiez Groland vous devez le connaitre. Mais bon moi ça n’était pas ma tasse de thé alors il m’était parfaitement inconnu. Et sincèrement je l’ai adoré dans ce film.

Voilà c’est un film drôle et émouvant qui nous parle de ces moments dans la vie où le terrain devient glissant. Et où la bonne rencontre peut nous empêcher de tomber. Sur certaines affiches on peut voir une phrase qui, je trouve, résume parfaitement le film : « Petites fissures, grandes fêlures ». Et bien c’est tout à fait ça. Chaque personnage (même secondaire) finit par laisser apparaitre sa faille…

Je vous laisse en musique avec Milky Chance, mon coup de coeur du moment.. que j’écoute un peu en boucle. J’espère que vous aimerez aussi. Si c’est le cas n’hésitez pas à écouter son album. Il est excellent. A bientôt.

Cette entrée a été publiée dans : Coups de coeur

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Ancienne parisienne devenue lyonnaise… pas très bavarde voire même un peu « sauvage » et surtout passionnée de street art. Flâneuse urbaine, j’aime partager mes plus belles découvertes avec vous !

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