Coups de coeur
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« Dancing in Jaffa », la danse de l’espoir

Après avoir vécu à l’étranger de nombreuses années, Pierre Dulaine, danseur professionnel maintes fois récompensé, retourne à Jaffa, en Israël, où il est né en 1944. Nostalgique des rues de son enfance, mais conscient de la tension qui règne entre les différentes communautés vivant à Jaffa, Pierre veut réaliser le rêve de toute une vie : faire danser ensemble les enfants palestiniens et israéliens, mettant ainsi à l’épreuve les croyances des familles et des enfants.

Il y a des films qu’on est vraiment heureux d’avoir vu. Le documentaire « Dancing in Jaffa » en fait partie. Pour le message d’espoir qu’il fait passer. Pour toutes les émotions ressentis pendant la séance: j’ai été tour à tour émue, amusée, bouleversée, agacée… Cette histoire vraie est belle. Ce danseur professionnel va réussir un tour de force avec ce projet de concours de danse qui réunira juifs et palestiniens. Mais ce tour de force ne se résume pas aux différences religieuses. Ici il est aussi question du rapport homme/femme dans une société où l’idée qu’un garçon puisse danser avec une fille (et donc la toucher) sans que cela implique nécessairement un mariage est inconcevable. Ou encore de l’enfance, ou plutôt du sortir de l’enfance. J’ai été particulièrement touchée (j’ai même versé quelques larmes…) par la jeune fille appelée Nour. On la suit pendant le fil et on la voit se métamorphoser sous nos yeux grâce à la danse. C’est vraiment incroyable. Au début, elle est une jeune fille isolée, rejetée par les autres enfants parce qu’elle est très agressive, toujours sur la défensive. On la regarde et on voit un être tout fermé et empli de colère. Mais au fil des cours de danse elle se redresse, s’ouvre, son visage s’illumine et elle devient amie avec d’autres enfants (en particulier avec une jeune juive. Nour, elle, est musulmane).

Ce documentaire n’est en rien idéaliste. Il montre toute la réalité de cette ville dans laquelle se côtoient juifs, musulmans et chrétiens (elle est le symbole de la mixité en Israël). La réalisatrice filme différentes manifestations (en particulier celle de palestiniens demandant l’égalité des droits ou à l’inverse celle d’israéliens d’extrême-droite) ou encore les forces policières toujours sur le qui-vive. Et puis il y a les témoignages de plusieurs habitants qui parlent de cette guerre qui dure depuis si longtemps et qui a forcément créée des ressentiments entre les deux populations. On comprend à travers les mots des enfants que les deux communautés ne se côtoient absolument pas (sauf dans l’une des écoles où se déroule l’expérience et qui elle, accueille les 2 communautés. Les cours y sont dispensés en hébreux et en arabes). Par exemple dans une scène, une fillette à une camarade de classe « Tu avais déjà parlé à un juif avant de danser ? » La réponse de son amie fuse, symbolique : « Non ». Tout est dit dans ces quelques mots !

Avec ce programme de danse, Pierre Dulaine va leur apprendre le respect de l’autre, la confiance en soi mais aussi dans l’Autre (cet inconnu, cet ennemi). Cet homme est vraiment incroyable car dès les premiers jours il se heurte à des difficultés. Par moment on le sent près de baisser les bras. Mais on sent que pour lui c’est impossible. Alors il continue, semaine après semaine. Dépassant tous les préjugés (des parents comme des enfants), il arrive à emmener les enfants à un grand concours de danse de salon qui va réunir sur la piste les enfants des différentes communautés dansant les uns avec les autres, mais aussi dans les gradins les parents assis les uns à côté des autres, finalement tellement fiers de leurs enfants qu’ils en oublient (au moins l’espace d’un court instant) leurs différences.

Alors oui, ne soyons pas naïfs. Bien sur un simple programme de danse ne va résoudre un conflit de plus de 70 années. Mais on a envie de croire que la multiplication d’expériences de ce genre pourrait au moins permettre aux communautés d’apprendre à se connaitre. De la connaissance nait la tolérance et le respect. Tout ça est tellement élémentaire.

J’ai découvert Pierre Dulaine à l’occasion de ce documentaire. Et j’ai eu envie d’en savoir un peu plus sur lui. J’ai ainsi appris que cette expérience est née à New-York et l’idée était déjà le rapprochement de communautés par le biais de la danse. A NY ce fut le rapprochement de différentes classes sociales. Voici quelques mots sur lui trouvés sur le web.

Né à Jaffa en 1944, d’une mère palestinienne et d’un père irlandais, Pierre Dulaine quitte le pays avec sa famille en 1948 lors de la création de l’Etat d’Israël pour rejoindre dans un premier temps l’Angleterre puis la ville d’Amman, en Jordanie.

En 1956, suite à la crise du canal de Suez et aux tensions dans la région, Pierre et sa famille s’envolent à nouveau pour l’Angleterre, pour s’y installer durablement.

C’est à Birmingham, à l’âge de 14 ans, que Pierre commence à danser, dans un premier temps à l’école de danse Jean Johnson, puis dans celle de Bill Bocker. Quand il fête ses 22 ans, il a déjà remporté le Duel des Géants au Royal Albert Hall à Londres. Il se produit alors en Allemagne, et dans l’Est de l’Afrique. En 1972, il se rend à New York et s’y installe définitivement.

Avec sa partenaire Yvonne Marceau, ils remportent le prix de danse en couple, au British Dance Festival en 1977, 1978, 1979 et 1982.

En 1984, Pierre et Yvonne fondent la American Ballroom Theater Company, et continuent à se produire sur scène aux Etats Unis et à travers le monde entier. Ils sont une nouvelle fois récompensés pour leurs talents en recevant le prix Fred Astaire pour la meilleure danse à Broadway. Outre sa propre compagnie, Pierre enseigne à l’école américaine de Ballet de George Balanchine, l’Alvin Ailey American Dance Theatre, le American Ballet Theatre et la Juilliard School. Il fonde en 1994 Dancing Classrooms  dans les écoles publiques de New York : ce programme volontaire de danse en couple ne rassemble au départ que 30 enfants, aujourd’hui c’est plus de 350.000 enfants qui ont participé à cette opération.

Alors qu’il n’est pas revenu à Jaffa depuis son enfance, Pierre y retourne en 2011 pour réaliser son rêve : enseigner la danse aux enfants israéliens et palestiniens.

Son but est de rapprocher les deux communautés, leur enseigner le respect à travers la danse, en engageant les enfants dans une interaction constructive. C’est là selon lui, que réside toute la beauté de la danse en couple : forcer deux personnes à se déplacer en ne faisant qu’un.

Pierre croit qu’en modifiant les présupposés des enfants, on peut changer le futur. Il se lance donc dans une campagne de 10 semaines pour faire mentir des années de croyance. Pierre réussit à convaincre cinq écoles et 150 enfants de participer. Deux de ces écoles sont juives, deux arabes et une école est mixte.

Après ces dix semaines, 84 enfants seront sélectionnés pour participer à la compétition finale. Le film se focalise particulièrement sur trois enfants, une enseignante et Pierre Dulaine. Tous viennent d’origines différentes.

Pretty Pictures

Pour le final en musique, j’ai choisi une chanson d’Aloe Blacc dont le titre fait écho au film « Love is the answer« .

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Ancienne parisienne devenue lyonnaise… pas très bavarde voire même un peu « sauvage » et surtout passionnée de street art. Flâneuse urbaine, j’aime partager mes plus belles découvertes avec vous !

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