Coups de coeur
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« La Venus à la fourrure », le nouveau huis-clos de Polansky

Avec « La Venus à la fourrure » Polansky nous offre un nouveau huis-clos. Et comme d’habitude il réussit à merveille à nous envoûter. Dès les premiers mots de Vanda, on se retrouve embarqués dans cette rencontre étrange entre un metteur en scène de théâtre et une actrice qui court les castings.

Il faut dire qu’Emmanuelle Seigner est absolument incroyable. Elle passe avec une telle aisance du personnage de Vanda, l’actrice excentrique et vulgaire à la Wanda de Sacher-Masoch, l’héroïne de « La Vénus à la fourrure », roman SM que le metteur en scène Thomas a adapté pour le théâtre. Sous ses yeux ébahis, Vanda se métamorphose en Wanda, devient cette femme raffinée du 19e siècle. Et entre eux s’installe un jeu de soumission-domination. On le sens de plus en plus subjugué par cette femme surprenante. Il essaie de se défendre, de garder le contrôle mais petit à petit il se laisse dominer et Vanda finit par faire de lui ce qu’elle veut.

Tout dans ce film est réussi.

La mise en scène. Ce théâtre désert et confiné qui crée une atmosphère propice à la rencontre et à la confrontation. La musique tour à tour envoûtante ou angoissante. Les bruitages. J’ai trouvé excellente l’idée de « bruiter » les objets absents. Je m’explique. Parce que là, si tu n’as pas vu le film, tu ne comprend pas… c’est normal. Dans certaines scènes les personnages imaginent des accessoires pour les aider à jouer. Par exemple, dans une scène Thomas sert une de café à Wanda. On le voit verser le café dans une tasse, la donner à Wanda. Puis Wanda fait tourner sa petite cuillère dans la tasse avant de la poser sur la soucoupe. Tout cela est imaginaire  mais Polansky a eu l’idée géniale de rajouter (très délicatement, à peine audibles) les bruits qui accompagnent les gestes : la tasse qui tremble sur la soucoupe lorsque Thomas la tend à Wanda, la petite cuillère qui tinte sur la soucoupe… Par le jeu des acteurs et le bruit on a vraiment l’impression de voir les objets… C’est incroyable.

Le jeu des acteurs. Mon coup de coeur est pour Emmanuelle Seigner. Quelle comédienne !! Elle peut être aussi sensuelle que vulgaire. Elle manipule à merveille le personnage joué par Mathieu Amalric. Lui aussi est incroyable. Déjà physiquement il est le parfait sosie de Polansky. Ce qui crée déjà un certain trouble. On le regarde se débattre avec ses doutes, résister à la domination de Vanda avant de devenir une drôle de créature, à la fois homme et femme.

Pour moi, ce film est autre chose qu’une satire du sado-masochisme. C’est avant tout la confrontation entre un homme et une femme. Mathieu Amalric joue un metteur en scène macho qui regarde avec mépris cette « pauvre » fille vulgaire qui s’imagine pouvoir jouer dans sa pièce. Ce duo est un duel, les jeux de pouvoir s’inversent, le dominé ou le soumis n’est pas forcément celui que l’on croit. Vanda le dit parfaitement dans l’une de ses répliques. Finalement par sa soumission toujours insatisfaite, Thomas ne serait-il pas le dominateur ? Par son désir de soumission il oblige Wanda à aller toujours plus loin dans la perversité, contre son gré, devenant alors la personne soumise…

Vous l’aurez compris j’ai adoré ce film. Parce que les dialogues sont  un vrai bonheur pour qui aime les jeux verbaux. Parce que les acteurs sont éblouissants. Parce que la mise en scène est parfaite. Parce que j’ai ri mais pas que…

Je vous laisse en musique avec Alexandre Desplat. Ce compositeur a fait les BO de nombreux films (« De battre mon coeur s’est arrêté », « The Queen », « Benjamin Button », « Twilight » , « Harry Potter » ou encore « De rouille et d’os » ou « Argo ».). Il a déjà travaillé avec Polansky sur les films « Carnage » et « The Ghost Writer ».

Cette entrée a été publiée dans : Coups de coeur

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Ancienne parisienne devenue lyonnaise… pas très bavarde voire même un peu « sauvage » et surtout passionnée de street art. Flâneuse urbaine, j’aime partager mes plus belles découvertes avec vous !

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