Coups de coeur
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Découvrir la peinture au vin avec Sabrina Wine Art

Sabrina Wine Art

Au mois de novembre 2021, j’ai eu la chance de participer à son premier atelier de peinture au vin. Ça été une expérience incroyable pour moi qui m’a donné envie de vous faire rencontrer Sabrina.

J’ai rencontré Sabrina il y a quelques années, à mon arrivée à Lyon. Elle était alors une jeune entrepreneuse qui apprenait l’art de la négociation aux femmes. Depuis elle n’a cessé d’évoluer et d’ajouter des cordes à son arc. Dont celle de la peinture au vin avec son entreprise Sabrina Wine Art.

Sabrina, peux-tu nous raconter ton parcours?

J’ai toujours eu de l’intérêt pour l’art mais je ne l’ai pas intégré comme étant une possibilité de parcours de formation ou professionnel. J’ai donc préparé un diplôme traditionnel en école d’ingénieur. La seule petite touche artistique que j’ai conservé toutes ces années a été la confection de mes robes de gala. Il m’arrivait de sécher les cours pour imaginer et réaliser mes robes.

Après mon école d’ingénieur, je me suis intéressée à l’entrepreneuriat et j’ai fait une formation complémentaire, « Entrepreneuriat et innovation ».

Après ça, je ne me sentais pas de me lancer directement. J’ai donc pris un poste d’intrapreneuriat dans une entreprise où j’étais en charge de projets de transformation numérique. Lorsque j’ai terminé ces missions, je me suis posé la question de ce que j’avais envie de faire dans les 10 prochaines années. Cela m’a poussée à quitter l’entreprise et à me lancer dans l’étude documentaire sur la confiance en soi des femmes.

C’est ainsi qu’est né le Projet « Go girls » en 2016 : mon objectif était de déterminer les leviers que les femmes utilisent pour avoir confiance en elles, car à cette époque il n’y avait pas tous les réseaux sociaux qui parlaient de ces sujets. Finalement ce projet de série documentaire en coproduction s’est révélé bien trop long à réaliser et surtout, il manquait de passages à l’action. Je voulais donner des outils concrets pour transformer la vie de ces jeunes filles.

Étant également en recherche de pragmatisme, j’ai décidé de partir sur le développement du leadership des femmes, car la confiance en soi est toujours vécue de façon négative avec, en réalité, le manque de confiance en soi.

En parallèle de mes travaux sur le leadership, je me suis aussi intéressé à la créativité ! Ces deux compétences sont reconnues et porteuses d’une image très positive dans la société. J’ai donc cherché comment les individus en général pouvaient exprimer leur individualité à travers la créativité et cela m’a amené à penser des ateliers ludiques qui donnent des clés pratiques pour être plus créatif au quotidien mais aussi au travail.  

Comment as-tu eu l’idée de faire de la peinture au vin ?

La créativité est souvent associée à l’art et aux artistes, ce qui représente aussi un grand frein pour les personnes qui n’ont pas une sensibilité artistique.

C’est pourquoi j’ai voulu creuser cette idée et faire des passerelles entre l’univers artistique et celui de l’innovation pratique pour démystifier le processus de création et de créativité, et in fine permettre aux personnes de dépasser leurs limitations et se saisir de leur potentiel.

Devant la multitude de technique d’art, le choix d’intégrer l’aquarelle était purement subjectif. J’y étais sensible sans l’avoir pratiquée, puis l’envie d’innover dans ce domaine m’a amené au café puis au vin, dont les couleurs m’inspiraient plus. Une rapide recherche sur Google me dévoile la complexité de la peinture au vin, j’avais donc matière à innover et le challenge m’a forcément intéressée.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur la technique de la peinture au vin ?

Tous les vins peuvent être utilisés. Avec le vin rouge, on peut peindre directement depuis la bouteille. Cependant, la teneur en alcool ou l’acidité de certains vins peuvent agresser le papier et il ne sera alors pas possible de faire plusieurs couches.

En ce qui concerne les vins blancs et rosés, il y a vraiment beaucoup d’eau. Il va donc falloir les réduire pour concentrer les pigments et reproduire la couleur du vin. La technique peut également être utilisée avec les vins rouges pour obtenir une couleur plus foncée, lorsqu’elle ne peut être obtenue par superposition de couches, car chaque couche dilue celle du dessous.

Le vin est une matière vivante et je ne veux pas ajouter de conservateurs pour la figer. Avec le temps, il va y avoir des moisissures, l’odeur va changer. Le liquide ne sera donc plus agréable à travailler. Pour cette raison, je ne peux pas avoir une envie soudaine de peindre ! Il y aura toujours un sas de préparation qui peut durer de 30 minutes à 1h30.

« La peinture au vin est la peinture des entrepreneurs. Aucune peinture ne vous comprendra mieux que le vin. »

Ensuite, quand on ouvre une bouteille, elle va avoir une certaine couleur puis une semaine plus tard elle aura changé. Je ne connais la vraie couleur qu’au moment où je peins. Mais j’aime cette incertitude car elle crée une surprise à chaque fois ! Et je réfléchis mes œuvres avec ce paramètre d’évolution propre au vin.   

Enfin un même vin, selon le millésime n’aura pas la même couleur, de même qu’un même vin du même millésime mais ouverts à 2 ans d’intervalle, n’auront pas la même couleur.

Je suis donc tout le temps challengée par mon médium de travail car dans le cadre de commissions par exemple, l’œuvre ne dépendra pas de ce qu’on me demande de faire ou qui m’inspire mais aussi des couleurs que j’arrive à obtenir.

Si j’ai autant accroché avec le vin, c’est parce que j’y retrouve aussi un parallèle avec l’entrepreneuriat. Tu ne sais jamais avec certitude comment les choses vont se passer ou évoluer. C’est le fait d’être dans l’action qui nous permet de trouver des réponses aux questions que nous nous posons.

Comment choisis-tu les vins avec lesquels tu vas peindre ?

Au départ, j’ai beaucoup expérimenté et je m’étais imposée un maximum de 5€ la bouteille, ce qui était assez limitant niveau palette, mais je devais poser ce cadre car je sais que je m’emballe beaucoup quand je commence un nouveau projet. Et je ne voulais pas que l’investissement financier que ça m’aurait demandé devienne un frein pour continuer ! Cette fois-ci, j’ai senti que le sujet allait m’inspirer sur du long terme et j’ai eu rapidement besoin de maîtriser cet aspect pour garder ma motivation.

En tant que créative, je peux aussi me lasser très vite. J’ai toujours des idées nouvelles et il m’est parfois difficile de maintenir mon enthousiasme quand les choses se corsent. Mais la peinture au vin me demande un lâcher prise complet du fait je ne maîtrise pas la matière, la nouveauté est une constance et il faut sans cesse se renouveler.

« Dès le début j’ai voulu prendre ce projet comme une belle et grande aventure. »

C’est aussi avec la peinture au vin que j’ai appris à peindre. C’était nouveau pour moi. Au fur et à mesure, j’ai commencé à faire des salons, à tester sur place des vins, à aller rencontrer des vignerons. C’est ce qui m’a ouvert des perspectives sur les modes de culture de la vigne et de production du vin car tout ça va avoir une répercussion sur la vie du vin par la suite.

Avec les premiers vins que j’utilisais, je n’avais pas d’évolutions intéressantes. Pour moi, c’était un peu comme si le vin était mort. Les vins de garde sont bien plus intéressants à travailler car le vin continue de vivre au sein de la bouteille. Et il en fera de même sur le papier.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

J’ai toujours eu une forte sensibilité pour l’art mais sans jamais me lancer dans l’étude des courants artistiques. Ce qui m’intéresse le plus, c’est entrer dans l’univers d’un artiste pour comprendre comment il conceptualise ses idées.

J’aime prendre une œuvre et en discuter en famille ou avec des amis et voir comment chacun l’interprète. Pas dans son intellectualisation, mais dans le ressenti. Quel est ce filtre de vie qui te fait voir les choses d’une certaine façon. Je trouve que c’est un super moyen d’aller à la rencontre de l’autre car juste en discutant avec la personne sur ce qu’elle voit, comment elle interprète les choses, ça te permet de toucher son univers. Ici l’art est dans le partage, dans les échanges.

Ma deuxième inspiration est une démarche plus personnelle et plus solitaire de l’appréciation d’une œuvre. C’est un tête à tête avec le tableau, avec l’intention de l’artiste et avec l’étude que je fais du parcours de l’artiste pour essayer de comprendre comment est-ce qu’il en est arrivé là.

Ensuite dans ma pratique, comme j’essaie de pousser l’abstraction et la conceptualisation, il y a des courants artistiques avec lesquels je me sens plus en phase que d’autres.

Plus j’en apprends sur le vin, plus ma démarche artistique va dans la valorisation du produit.

Il y a pour moi deux sources d’inspirations qui sont réelles. La première, c’est la matière même avec laquelle je travaille, le vin. La seconde est l’histoire de celles et ceux  qui la font. Il y a tout un processus pour faire du vin, entre le travail de la terre et le travail au chai. Il y a dans certains vins une réelle expression du vigneron et du terroir. Quand tu commences à étudier ça, c’est vraiment inspirant.

Depuis que j’ai commencé à travailler sur le sol et le vivant pour ma collection « Terrapie » qui sort au 2ème trimestre 2022, j’ai passé des journées entières à ne penser qu’à ça. Ça faisait en plus partie des sujets de développement avec DaliaSoft, sur un simulateur de transition écologique pour aider les vignerons à changer de mode de production, pour passer d’un mode conventionnel ou bio par exemple, à de la viticulture en agro-écologie (qui est le travail du sol et du vivant). L’idée est de confronter les performances écologiques et économiques car les sujets ne sont pas toujours traités de front et cela à un impact sur la transition.

Quels sont tes projets en 2022 ?

Deux collections m’ont demandé un énorme travail de fond. La première « Terrapie » sortira au 2ème trimestre 2022 et la seconde  « About time » sera publiée au 1er trimestre.

La collection « About time »

En première lecture, c’est une collection à propos du temps. Mais la vraie signification c’est « It’s about time » – « il est temps de ». Il est temps de prendre le temps. J’ai mis au cœur de la réflexion ce vin vivant. Ma démarche artistique dans cette collection est vraiment centrée autour de cette spécificité du vin : la matière vivante est un élément central de la collection et l’évolution sera le cœur du projet.

Ce qui est aussi particulier avec cette collection est qu’elle m’a aidé à faire la paix avec mon propre temps parce que j’étais en guerre avec les minutes que j’avais dans la journée. Et à un moment, je me suis prise de face tous les engagements que je portais sur mes différents projets. J’ai compris que si je voulais bien vivre cette aventure artistique, il me fallait soigner cette relation au temps.

Jusqu’en 2020, je travaillais sur Deal to Lead et Wine Art en mode freelance. Je prenais les projets que je voulais, quand je voulais et mon seul engagement était envers les clients. Mais avec le lancement de Daliasoft, projet dont l’ambition nécessite des moyens plus importants, ça devenait vraiment compliqué à gérer et j’avais perdu la maîtrise de mon temps.

J’ai co-fondé cette entreprise avec mon frère. Entreprendre en famille donne une autre dimension aux engagements. De plus, étant donné nos ambitions pour l’entreprise, nous avons rapidement dû recruter des personnes. J’ai donc également eu des engagements envers mon équipe pour avancer. Je ne pouvais plus gérer seulement en fonction de moi et de mes envies. Par moment le rythme était infernal, avec des nuits de 4 ou 5 heures de sommeil. Je vivais avec la frustration de ne jamais avoir assez de temps.

Si aujourd’hui je suis capable d’avancer, c’est en grande partie grâce à cette collection.

En parallèle, je réfléchissais à cette relation au temps mais je n’ai commencé à travailler sur cette collection que depuis mai 2021. Je vivais des frustrations liées au manque de temps au quotidien jusqu’en août où j’ai fait un grand « shift », comme si j’avais capitalisé sur toutes les études faites sur le sujet pour la peinture. Et bien heureusement, autrement j’allais droit vers le burn-out et j’aurais certainement dû arrêter certaines de mes activités.

Grâce à cette relation au temps que j’ai soignée, à mon travail sur l’instant présent, j’ai vécu le planning chargé de la rentrée de septembre avec une légèreté et une sérénité quasi irréelle… si je m’étais raconté ça avant je n’y aurais pas cru ! J’ai repris pleinement conscience du temps qui passe et de ce que je fais. Je suis devenue beaucoup plus productive, j’ai plus de temps pour ma vie perso. Je ne bosse quasiment plus le soir alors que j’ai deux fois plus de choses à faire.

Cette collection « About time » est un moyen pour me ramener au présent et à la réalité. Quand je regarde les œuvres, elles incarnent ce message et sont un ancrage physique de ce retour à la pleine présence.

Une image vaut mille mots

Pour faire connaissance avec la peinture au vin de Sabrina voici quelques-unes de ses oeuvres.

Sabrina a accepté de jouer le jeu de la conclusion musicale. Son choix nous emmène en voyage et met du soleil dans nos coeur !

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Ancienne parisienne devenue lyonnaise… pas très bavarde voire même un peu « sauvage » et surtout passionnée de street art. Flâneuse urbaine, j’aime partager mes plus belles découvertes avec vous !

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