En juin 2013 était sorti le très beau film « Les Beaux Jours » de Marion Vernoux, avec Fanny Ardant. Il y était déjà question d’une femme approchant de la soixantaine qui cherche à redonner un sens à sa vie.
« Gloria« , film chilien de Sebastian Lelio, nous parle un peu de la même chose. Une femme, divorcée, dont les enfants ont grandi et quitté le nid, a bien l’intention de profiter pleinement des années qui lui restent. Alors elle sort, boit, fume, danse, fait l’amour… saute même à l’élastique et fait des parties de paintball (pas toujours là où on s’y attendrait…). Jusque là je partage le même avis que des amies qui ont vu le film et que la plupart des critiques que j’ai pu lire.
Là où nos avis divergent c’est dans la façon dont nous percevons sa façon de « profiter » de la vie. Bien sur, tout dépend de l’état d’esprit dans lequel nous sommes au moment où nous voyons un film. Mais moi, ce film, il m’a beaucoup attristé. J’ai trouvé cette femme terriblement seule. J’ai pu lire qu’elle faisait de « sa liberté une fête »… Je vois plutôt une femme qui trompe sa solitude dans des dancings. Alors oui elle aime danser et le fait plaisir. Mais je ne sais pas il y a toujours un léger voile de tristesse sur tout ça.
On la voit heureuse lorsqu’elle rencontre Rodolfo lors d’une de ses soirées « danse ». Tout de suite le courant passe entre eux. On la voit retrouver le sourire, son visage s’ouvre. Elle se dit que l’amour est encore possible. Seulement voilà, le monsieur va se révéler d’une grande lâcheté face à une (ex ?)-femme et des filles (tout de même âges de 28 et 31 ans ! ) envahissantes.
La scène où il l’abandonne à l’hôtel pour courir auprès de « ses » femmes parce qu’elles ont « tant besoin de lui » est terrible. On ressent une véritable colère contre Rodolfo (joué par Sergio Hernandez). Bien sur leur histoire n’y survivra pas. Et Gloria retourne à sa solitude en même que sa fille part vivre en Suède (où elle va retrouver le père de l’enfant qu’elle porte).
Pendant tout le film j’ai ressenti de la tristesse et beaucoup de tendresse pour cette femme (magnifiquement interprétée par Paulina Garcia). On admire sa capacité à se relever encore et toujours et à refuser de se laisser abattre. Et puis les hommes ne sont quand même pas très « reluisants ». Rodolfo qui est incapable d’imposer Gloria dans sa vie pour vivre pleinement son amour pour elle. Son ex-mari qui semble un peu perdu et plein de regrets lors du dîner d’anniversaire de sa fille. On comprend que très vite il a quitté Gloria, la laissant seule avec ses enfants et arrivé à la soixantaine il veut essayer de se rapprocher de ses enfants…
Quelques jours ont passé depuis que je l’ai vu… J’y ai repensé et en écrivant le billet je prend un peu de recul. Alors mon impression de profonde solitude et de tristesse ne me quitte pas. Mais je comprend pourquoi d’autres on pu y voir un film optimiste. Effectivement, Gloria ne baisse jamais les bras et se sert de ses échecs pour, à chaque fois, retrouver un nouveau souffle. Et la fin est optimiste. On la regarde danser et on la voit petit à petit se lâcher et reprendre pied. J’ai donc un sentiment très partagé. J’ai beaucoup aimé ce film. Pour ces comédiens, tous excellents. Pour ce qu’il donne à voir de la vie dans le Chili moderne qui a perdu beaucoup d’illusions (parallèle très bien amené entre la vie de Gloria et celle du pays). Pour la belle histoire qu’il nous raconte. Parce qu’il m’a bouleversée et que j’aime que les films me bousculent et me fassent réfléchir sur moi-même et/ou sur le monde qui m’entoure.
Je termine avec la chanson éponyme du film « Gloria » d’Umberto Tozzi. Je vous laisse apprécier le look d’Umberto…