La semaine dernière, j’ai eu la chance extraordinaire de plonger dans l’univers fascinant de « Ukiyo-e », un spectacle de danse magnifiquement chorégraphié par Sidi Larbi Cherkaoui, en collaboration avec le talentueux Ballet du Grand Théâtre de Genève. Cette expérience m’a profondément marquée, et je suis impatiente de partager avec vous l’essence de ce voyage artistique tout à fait unique.
Le Souffle de l’Ukiyo-e : une invitation à la Contemplation
« Ukiyo-e » est une chorégraphie qui explore les tréfonds de l’âme humaine tout en célébrant les élévations de l’esprit. Les danseurs·euses évoluent dans un monde oscillant entre le chaos et la béatitude, une intensité qui maintient le public en haleine du début à la fin. Cependant, certaines zones d’ombre subsistent dans la narration, laissant place à une interprétation plus personnelle.
Dans une époque marquée par de multiples crises, Sidi Larbi Cherkaoui nous rappelle l’importance de la contemplation et de la joie de l’instant présent, tout en explorant la fugacité de toute chose. Le Ukiyo-e, courant artistique japonais né au XVIIe siècle, nous invite à savourer chaque instant avec une profonde gratitude. Cette philosophie prend vie sur scène avec 24 danseurs et danseuses, somptueusement vêtu·es de vêtements tour à tour noirs, brillants ou chamarrés, évoluant entre insouciance festive et tourment funeste.
L’accompagnement musical est tout aussi captivant que les mouvements gracieux de la troupe. Les envolées du piano et des instruments à cordes, et plus encore, les puissantes percussions de Shogo Yoshi se marient harmonieusement à la chorégraphie, créant ainsi une fusion parfaite entre le son et le mouvement.
Au cœur de cette performance se dresse un escalier monumental, une création conjointe de Sidi Larbi Cherkaoui et du scénographe Alexander Dodge. Cet escalier, à la fois promontoire et instrument, joue un rôle essentiel dans l’histoire, précipitant les danseurs et danseuses dans d’innombrables chutes et ascensions, symbolisant ainsi la nature cyclique de la vie.
Une méditation sur la résilience
Au cœur de cette œuvre se pose la question cruciale de la résilience. Face à un monde en constante évolution et à des défis constants, comment continuer à avancer ? Les 24 danseurs·euses et danseuses, évoluant au milieu de ce labyrinthe d’escaliers mobiles, symbolisent la quête de chemins possibles, la recherche d’équilibre entre les abîmes et les hauteurs.
La musique électronique, l’intensité d’un trio à cordes et la puissance des percussions jouent un rôle essentiel dans l’expérience, guidant et perturbant les danseurs·euses dans leur parcours. La fusion de ces éléments sonores et visuels crée une atmosphère immersive qui invite le public à réfléchir à sa propre résilience et à sa capacité à surmonter les obstacles.
Sidi Larbi Cherkaoui, chorégraphe de renommée internationale et nouveau directeur du Ballet du Grand Théâtre de Genève, livre une création artistique et philosophique captivante. « Ukiyo-e » est bien plus qu’un simple spectacle de danse, c’est une méditation profonde sur la résilience humaine et la beauté de l’instant présent.
Ce spectacle, présenté à la Maison de la Danse, nous emporte dans un monde où la danse devient une poésie visuelle, une célébration de l’art et de la vie elle-même. Si vous êtes passionné·e par la danse, la philosophie et la beauté de l’art, ne manquez pas cette création exceptionnelle à la Biennale de la Danse 2023. C’est une expérience qui laissera une trace dans votre cœur, tout comme elle l’a fait dans le mien.
P.S. (Merci au service presse de la Biennale de la Danse pour la photo. Crédits : Sidi Larbi Cherkaoui & le Ballet du Grand Théâtre de Genève, Ukiyo-e, 2023 © Gregory Batardon)
Une conclusion musicale
Pendant l’un des tableaux, une danseuse a déclamé le texte de l’artiste Kae Tempest, « Hold your own ». Je vous invite à l’écouter. Et à en lire la traduction française. Ces mots sont bouleversants et questionnent sur le sens de nos vies dans ce monde matérialiste.

